Aujourd'hui, je me réveille, un peu difficilement parce que je m'étais couchée tard (Ah, Skype...), je vois qu'il est environ cinq heures du matin et je replonge sous la couette. J'ai le sommeil un peu troublé ici, mais quand le jour se lève à deux heures du matin, c'est peut-être pas étonnant, si?
Bref, je sors du lit un peu plus tard (hum), je récupère mon cerveau qui était resté collé sur l'oreiller et je vais boire mon café. Aujourd'hui, boulot. Kai est parti dans le Sud pour quelques jours à une grande convention, je n'ai pas pu le suivre parce que les billets étaient déjà tous vendus mais c'est pas grave, je me vengerai. Je me sens déjà un peu vengée d'avoir été abandonnée dans le Nord, parce que dans le Sud, il doit faire nettement plus chaud qu'ici, et ici, il fait déjà une sacrée chaleur (à l'échelle de la Scandinavie, hein). Je n'ai pas de thermomètre sous la main pour me justifier, mais sachez que le soleil cognait bien contre ma casquette, et trois heures et demie à faire du vélo sous le soleil au zénith, je me sentais comme un toast dans le grille-pain. Je suis mal à l'aise à l'idée de faire griller du pain pour le petit déjeuner maintenant... Enfin, il y a toujours le knäckebröd.
Re-bref, je pars distribuer les journaux à la place de Kai, en empruntant le vélo de son frère (parce que comme Kai est plus grand que moi, il a un grand vélo, et j'ai failli me casser la figure la première et dernière fois où j'ai emprunté ledit vélo). Le vélo en question est d'une taille normale, et avec un cadre me permettant de sauter en marche avec une certaine classe, je me suis bien amusée avec ça quand même. J'ai frimé devant deux chats scandinaves qui me regardaient d'un air hautain, et quand j'ai essayé de parler à l'un d'eux, je me suis heurtée à la barrière du langage. Sachez aussi que les chats scandinaves ne comprennent pas le français.
En parlant de langue, tiens. Il m'est arrivé quelque chose de très drôle en distribuant les journaux (qui sont en réalité de la publicité finlandaise). Sur certaines boîtes aux lettres, des étiquettes, panneaux, écriteaux indiquent, en finnois ou en suédois (ou les deux) "Pas de publicité (merci)". Certains ont même la présence d'esprit de préciser qu'ils ne veulent pas de publicité finlandaise (ce sont les suédois non finnophones, logique) Or, sur l'une des boîtes aux lettres, le mot "publicité" est manquant. Une erreur, un bout d'étiquette arrachée, je n'en sais rien, toujours est-il que sans ce mot, on se retrouve non pas avec "pas de publicité finlandaise" mais avec "pas de Finlandais". Je croyais que c'était un hasard, mais quand je suis arrivée à cette boîte aux lettres, l'habitant du lieu était dehors et je lui ai donné le journal en mains propres (les siennes étaient propres, les miennes un peu noires à cause de l'encre des journaux). Il m'a lancé une blague en suédois mais quand j'ai vu l'étiquette sur sa boîte aux lettres, j'ai jugé utile de lui préciser que le journal était en finnois (au cas où il n'aurait pas remarqué). Manque de chance, j'ai parlé anglais sans le faire exprès, ce qui a pas mal désorienté le type. Il ne s'y attendait pas du tout, et je peux comprendre! Une fille sur un vélo suédois qui distribue en Suède des journaux en finnois mais qui parle anglais quand on lui parle suédois? (C'est normal si vous en perdez votre latin, excusez-moi cette blague langagière facile.) Il m'a tout de même répondu dès qu'il a pu retrouver son anglais que ce n'était pas grave, il parlait le finnois.
Rien ne vous choque?
Il parle finnois (et suédois) mais a une étiquette sur sa boîte aux lettres? La seule explication à mes yeux est que l'étiquette sur sa boîte aux lettres n'est en fait pas une erreur. Si ça se trouve, il n'a rien contre la publicité finlandaise, et le seul message à comprendre est "Pas de Finlandais".
Moi je vous dis, le racisme a la dent dure... Mais qu'est-ce j'ai ri en reprenant mon vélo.
C'était quand même éprouvant, à cause
du poids de la masse des journaux (que j'ai du porter depuis la cour de Station jusque dans l'appartement pour les trier puis les mettre dans le sac spécial avant de les redescendre dans ledit sac qui pesait, du coup, le poids d'un âne mort). Soit dit en passant, l'appartement de Kai est au troisième étage. Ben oui. Heureusement que je sais comment porter des charges sans me casser le dos! Ce qui était difficile aussi, si l'on se garde de mentionner la chaleur et les chiens qui, c'est bien connu, veulent TOUJOURS un bout de fesse du facteur (mais c'est moi le facteur!), c'était de savoir par où passer. Je ne suis pas très douée pour me repérer ou me souvenir du chemin à suivre, donc j'avais ma petite carte (annotée par Kai, en suédois et en anglais) que je sortais à tous les coins de rue. Mais je m'en suis sortie, et sans tomber du vélo, s'il vous plaît!
En rentrant, je vais pour laver du linge (parce que c'est quand même mieux d'avoir des pantalons à mettre) mais quand j'essaie de démarrer la machine, rien. Nada. Va voir là-bas si j'y suis, m'envoie-t-elle par télépathie. Je l'éteins, je la rallume, j'essaie de changer le programme, je tripote les boutons, je reste calme parce que je vais pas m'énerver contre une machine à laver quand même. Finalement, j'abandonne, je reviens de temps en temps en ninja pour voir si elle s'est décidée à marcher (après avoir passé une demi-heure à essayer de la démarrer, précisons) et une heure plus tard, ô surprise, elle tourne! J'espère au moins que ce sera propre, parce que je les mérite, mes pantalons lavés...
Mais heureusement, j'ai du café. Je me sens un peu seule sans Kai, d'autant plus que je ne connais personne ici (je suis bien allée toquer chez le voisin pour lui demander de l'aide quand la machine à laver me faisait la gueule, mais il n'était pas là), et puis même les chats ne me comprennent pas. Enfin, j'ai Skype, et puis moi au moins je suis confortablement dans le Nord au lieu de griller au Sud! Je vois d'ici mon viking revenir en mode écrevisse, avec des coups de soleil partout... Remarque, au Nord, il y a les moustiques (dit-elle en grattant une piqûre reçue entre deux boîtes aux lettres).
Ceci étant dit, je vais savourer mon café, que je bois en quantité excessive mais c'est bien connu que la Suède est le 2è pays consommateur de café en Europe (la Finlande étant le premier). Je ne fais que contribuer à une réputation déjà établie!
Groar!