lundi 30 décembre 2013

Noël en Finlande

Le 23 décembre, je suis allée avec Kai chez sa mère Maria pour passer Noël en Finlande. J'étais un peu nerveuse (parce que je ne parle pas plus finnois que le mois dernier) mais sans raison puisque ces quelques jours ont été très agréables (et qu'est-ce que ça fait du bien de quitter notre petit petit studio... on respire!)
Voici donc la maison où j'ai passé Noël :

Oui il y a de la neige. 

Une des premières choses que nous avons faites le soir même (et c'est international) : décorer le sapin. 



Ta-daaaaaa! 

Ils ne chantent pas Mon Beau Sapin en Finlande mais ce n'est pas grave. Il y a peut-être une version en finnois, mais si c'est le cas je ne l'ai pas entendue.
Ah, et remarquez qu'il y a des bougies sur le sapin. Elles sont collées sur des pinces à mettre sur les branches, mais bon courage pour faire tenir les bougies à la verticale. Et le sapin n'a pas apprécié, il me piquait les pattes sans arrêt. Quel ingrat!

Une tradition scandinave le 23 décembre (on fête Noël le 24, comme en Alsace! Je n'étais pas dépaysée) est de rester éveillé jusque tard dans la nuit, parce qu'on a encore plein de trucs à faire et on n'est pas prêt pour le 24. Nous étions prêts, mais sommes restés éveillés très tard quand même à jouer à Monster Hunter sur PSP.

24 décembre, liste des choses faites : 
- grasse matinée. Ben oui, on s'est couché tard le 23.
- dessins animés de Noël à la télé.
- tradition finnoise : porridge de Noël.
Alors le porridge de Noël... C'est quelque chose qu'on n'a pas en France. Le 24 décembre, on mange du porridge de riz et de lait à midi, et il y a une amande dedans. Celui qui trouve l'amande fait un voeu. Cette année, c'est Maria qui a eu l'amande! Je me demande quel voeu j'aurais fait si ça avait été moi...

Lion mal réveillé veut du porridge... 

 - autre tradition : aller au cimetière.
C'est quelque chose qui vous paraîtra peut-être bizarre le jour de Noël, mais en Finlande, on visite le cimetière le 24 décembre pour honorer la mémoire des défunts membres de la famille. On va donc au cimetière et on allume une bougie devant la tombe d'un grand-père, d'une arrière-grand-mère, d'une soeur ou d'un frère... 
Ce qui est impressionant avec cette tradition, c'est que tout le monde la suit, et le 24, les cimetières sont illuminés de bougies. 
Avant de vous montrer ça, je précise : nous sommes en fait allés visiter deux cimetières, puisque certains membres de la famille de Maria étaient enterrés dans un cimetière, et d'autres dans l'autre cimetière de Tornio. Double cimetière, double église. Double bombardement de photos. 

La plus vieille église de Tornio, construite sur ordre d'un roi suédois (à l'époque où la Finlande appartenait au royaume de Suède) et financée par ses propres moyens (sans taxer le peuple).
Le roi ayant fait construire l'église de Tornio est venu dans cette tour pour regarder le soleil de minuit.
Puisque je vous dis qu'elle est vieille, cette église! 

Je n'ai pas de photos de l'intérieur parce qu'on n'a pas le droit de jouer les paparazzi dans l'église. Kai était un peu déçu (c'est lui qui prend toutes les photos parce que son appareil est meilleur que le mien, et il aime prendre plein de photos avec).
Bien sûr, il y avait toute une partie du cimetière consacrée aux soldats morts pour la Finlande pendant la guerre d'indépendance (deux guerres successives). Un sentiment patriote imprégnait l'air, et des soldats (bien vivants, et chaudement habillés) se tenaient droits à côté des tombes (les tombes de soldats sont appelées "sankarihauta", "tombe de héros"). Peu importe le froid, ils prennent des tours de garde de plusieurs heures la nuit du 24. Ils n'ont pas le droit de parler, mais cette garde du 24 décembre est un devoir plein d'honneur pour eux.



D'accord, c'est un grand honneur pour eux, mais tout de même... ils doivent avoir froid. Il faisait environ zéro, avec un vent qui devait venir du Nord, tellement il était froid.

Voilà pour la première église et le premier cimetière. Voici la deuxième église (l'église d'Alatornio), plus grande : 





Elle est un peu plus "récente" que la première, mais on ne peux pas dire qu'elle ait été construite hier non plus. 
Et maintenant, ayez une confirmation supplémentaire du patriotisme de mon photographe.



Ce mémorial est pour ceux qui sont enterrés ailleurs.
Je ne sais pas combien de temps nous avons passé au cimetière, mais j'étais bien gelée à notre retour chez Maria. Je n'avais pas les habits les plus chauds non plus, ayant oublié mon bonnet en fourrure en Suède... 
Bref, j'avais froid, et Maria m'a proposé d'aller au sauna. ("La version finnoise de l'enfer.")
Elle a un sauna traditionnel, chauffé au bois (et non à l'électricité) parce que c'est mieux. Point.

Le sauna.
 
Je tiens à préciser que je n'avais jamais mis les pattes (ni le reste du corps) dans un sauna de toute ma vie, et je n'avais aucune idée de ce qu'on est censé y faire (à part cuire). 
Maria m'a donc expliqué en long, en large et en travers (et en anglais).

Maria explique.

Donc c'est pas compliqué, on s'assoit sur un des bancs (il fait plus chaud quand on est sur celui du haut), avec une serviette sous les fesses, et on cuit. Il faut faire attention à ce que le feu dans le poêle ne s'éteigne pas, alors on remet du bois de temps en temps. Si on veut cuire plus vite, on prend un peu d'eau (parfumée avec une huile) dans le seau en bois, et on verse sur les pierres, ça fait de la vapeur et la température augmente plus vite (je ne m'y suis pas risquée, de peur de finir en lion rôti à point). 
On prend aussi quelque chose à boire (j'avais du soda Jaffa, la version finlandaise du Fanta), mais ce qui est bête, c'est que la tasse chauffe... et ça devient dangereux de boire après un moment. Bon. Pareil pour les poignées métalliques de la fenêtre et du poêle, ça brûle après quelques minutes et c'est une galère d'alimenter le feu sans se brûler les pattes. 
Les trucs bleus que vous voyez dans le coin sont des petits fouets à lanières. On les trempe dans l'eau et on frappe ses bras, ses jambes et son dos avec, c'est apparemment très bon pour la circulation sanguine. J'étais un peu réticente sur cette partie-là, mais il ne faut pas avoir peur. 
Et puis quand on a passé un certain temps dans le sauna, on sort, on met un peignoir, et on va faire un tour sur la terrasse, par une température inférieure à zéro. Et après, on retourne dans le sauna. Je l'ai fait, ce n'est pas si mal. Même en peignoir dans la neige, on n'a pas froid (en même temps, il faisait environ 80°C dans le sauna, ça protège contre la fraîcheur du dehors). 
Après le sauna (on y reste aussi longtemps qu'on veut mais même sans verser de l'eau sur les pierres, la chaleur augmente graduellement), on prend une douche (parce qu'on a sué comme un cochon). Et quand on se rhabille après la douche, on a très chaud pendant un moment, et après on se réhabitue à une température en-dessous des 70°C. 
Bref, le sauna, c'est une expérience intéressante. On cuit à point, et c'est agréable, ça détend. Et si on va au sauna en ayant froid, et qu'on ne se réchauffe pas, c'est qu'on est mort. 
Quand je suis sortie du sauna, la crinière mouillée après ma douche et encore bien cuite, Maria m'appelle : le Père Noël à la télé, en direct de Rovaniemi. (Pour ceux qui ne savent pas, le Père Noël réside à Rovaniemi, dans le cercle polaire. C'est officiel, Santa Claus nous vient de Finlande.)

C'est le vrai! Ho ho ho...

Après le sauna et le Père Noël à la télé, il était temps pour le dîner de Noël! Style finnois. 




Ici, on a : 
- des patates, cuites à l'eau
- à droite des patates, de la sauce à mettre dessus
- la casserole derrière la sauce, c'est pour plus tard
- les trois plats, de gauche à droite : un gratin de navet ("lanttulaatikko"), un gratin de carotte et riz ("porkkanalaatikko"), et un gratin au foie et aux raisins ("maksalaatikko").

Sur la table, il y a : 
- des boulettes de viande, "köttbullar" (piquées aux traditions suédoises)
- des petites saucisses, "prinskorv" (suédoises aussi)
- le traditionnel jambon de Noël, coupé en tranches
- de la salade de betterave à la crème, de la salade de champignon et du "rosolli" (salade de betterave, carotte et patate)
- des pruneaux
- des harengs et du saumon (cru)
- de la confiture d'airelles
- de la moutarde (classique, faite maison, ou à l'airelle, c'est au choix)
- de quoi faire des tartines : du pain noir et du pain de Noël, du beurre, du fromage, de la charcuterie (qu'on ne voit pas sur la photo, mais il y avait du jambon et du salami)
- du vin rouge (on en boit si rarement ici que Maria n'était pas sûre de comment ouvrir la bouteille)
- du julmust, "soda de Noël" suédois

Je vous laisse imaginer tout ça, et pendant que vous salivez, je peux vous dire que tout était très très bon! 
Les Finnois n'ont pas de bûche de Noël pour le dessert, mais ils ont autre chose, et c'est là qu'intervient la troisième casserole.
Nous avons pris le dessert bien plus tard dans la soirée (normal, vu tout ce que nous avons mangé) mais je vous dis quand même ce que c'est : une soupe de fruits secs, "sekahedelmäkiisseli" :


Dedans, il y a des pommes, des pruneaux et des abricots, c'est épais et un peu gluant, il faut faire attention en la mangeant parce que ça tombe facilement de la cuillère. On la mange nature comme ça, ou avec de la crème fraîche, selon les préférences. 


Mais comme je l'ai dit plus haut, nous n'avons mangé le dessert que très tard, et entre le délicieux repas et le délicieux dessert... le Père Noël est passé!

 
C'est là que Maria a décidé de répandre l'esprit de Noël...


Et un lion de Noël! Je sais, je fais une tête bizarre, mais aussi, pourquoi c'est moi qui ai eu le bonnet avec les tresses? Kai avait un bonnet normal (et rigolait en prenant la photo)... 
Kai a ensuite joué le rôle du Père Noël (sans la barbe blanche) et a pêché les cadeaux dans la hotte pour les donner à qui de droit. 


Une fois que chacun avait ses cadeaux, ça a été un massacre. 


Tout le monde a été bien gâté, moi comprise et j'en suis très heureuse! Un grand merci à tout le monde!!

J'en ai presque fini avec ce post de 2km, mais avant de fuir l'Internet pour quelques heures (au moins), je vais vous montrer à quoi ressemble la fika à Noël. Pour ceux qui se demandent de quoi je parle, la fika c'est la traditionnelle "pause café" scandinave. Si on la fait de façon très traditionnelle, on a du café, et 7 sortes de petits gâteaux différents, mais je doute que beaucoup de gens fassent ça... parce que mine de rien, ça fait beaucoup de gâteaux. Mais même quand on n'a "que" 5 sortes de gâteaux, c'est très très bon, et ça fait toujours plaisir!
Quant à l'heure de la fika... Si je cite mon professeur de suédois Annika, c'est un peu tout le temps. Petit-déjeuner, fika, déjeuner, fika, dîner, fika. Vous voyez ce que je veux dire? Non, les scandinaves ne sont pas gourmands, du tout!
Voilà donc la fika de Noël que nous avons eue le 25, c'était mâââgnifique.



Nous avions donc l'obligatoire café (sauf pour Kai qui a bu du julmust, oui je suis tombée sur un des très rares Finnois ne buvant pas de café) et les petits gâteaux suivants :
- un cake aux fruits confits, "hedelmäkakku" (au Nord du plat en forme de coeur)
- du pain d'épices style finnois, "pappilan piparkakku" (beaucoup moins sucré que le pain d'épices alsacien)
- des pepparkakor (ceux en forme de coeur; ceux-ci sont suédois, plus sucrés et plus fins que les finnois)
- des pâtisseries de Noël traditionnelles, "joulutorttu" (en forme d'étoile à 4 branches)
- des "hilloruutu", pâtisseries à la confiture d'airelles

Tout a été fait par Maria, sauf les pepparkakor. En parlant de pepparkakor, je n'ai pas de photo supplémentaire mais on les mange aussi accompagnés de glögg (existe aussi sans alcool), la version scandinave du vin chaud. Il y en a beaucoup de sortes différentes, donc beaucoup de goûts différents, mais on boit le glögg chaud, en mettant des raisins secs et des amandes dedans (ne pas oublier de prendre une cuillère pour pêcher les raisins qui restent au fond...).

Voilà, maintenant que je vous ai bien mis l'eau à la bouche, je m'enfuis en courant et je vous laisse saliver!
Joyeux Noël! (un peu en retard je sais)
Hyvää joulua! (la même en finnois)
God jul! (la même, en suédois)
Lion de Noël, out!

Groar!

samedi 21 décembre 2013

Le jour le plus sombre

Nous sommes aujourd'hui le 21 décembre (non, sans blague?), jour du solstice d'hiver. Pour nous en bordure du cercle polaire, c'est le jour le plus sombre de l'année. Dans le cercle polaire, ils s'en fichent, ils n'ont pas vu le soleil depuis une paire de mois. Ici, c'est un peu plus clément.
Mais voyez plutôt la météo suédoise :


Bon, ça indique trois heures de soleil mais je vous rassure, on a quand même un peu de lumière même avant le lever et après le coucher du soleil. Ce n'est pas quelque chose du genre "Ah, une heure moins dix, on éteint la lumière, tout le monde au lit!" En plus, les gens ici vivent normalement malgré l'obscurité. Faut pas croire que les horaires de travail sont réduits...

Ce matin en me levant (8h30) j'ai donc pu voir la lumière de l'aube, au Sud bien sûr. Au Nord, le ciel était d'un bleu plus sombre. Les nuages étaient roses. Je voulais prendre une photo mais impossible de prendre mon appareil photo (et encore moins la photo elle-même) parce que je me rendais en Finlande, à vélo, chargée comme un âne. (Le premier qui se moque des ânes, je le griffe, j'adore ces animaux. Ils sont surexploités, les pauvres.) Et en sortant un peu après 9h, le soleil n'était pas encore levé mais on voyait la lune très clairement.
Je la regrette, ma photo pas prise...!
Bon, c'est pas tout ça mais j'irais bien manger quelque chose avant que le soleil ne se couche. J'ai eu de la soupe de prune et de raisins (froide, pas chaude) mais ça ne rassasie pas un lion!

Groar!

mercredi 18 décembre 2013

"Et alors, tu fais quoi à Noël?"

"On te voit à Noël?" "Tu rentres à Noël?"
Je les ai entendues, celles-là. Lues, plutôt. Bien sûr, je comprends que ma famille veuille me voir, et bien sûr j'ai aussi envie de voir tout le monde. Mais maintenant que je peux répondre à ces questions, je vais le faire : Non, je n'irai pas en France à Noël.
Raison n°1 : Je bosse. J'ai le choix, je peux distribuer mes journaux le 25 ou le 26. Youpi! (ironique)
Raison n°2 : C'est peut-être un peu tard pour acheter un billet aller-retour. Et me retrouver dans deux aéroports internationaux juste avant ou après Noël... je ne suis pas très enthousiaste, excusez-moi.
Raison n°3 : Un billet d'avion, c'est pas donné. Je sais bien que ma famille m'aiderait à payer mon voyage, le prix du billet n'est pas vraiment un problème, mais voilà... Je viens de passer le premier entretien d'embauche de toute ma vie (en suédois, normal) et j'ai pas mal de doutes. Il y a tellement d'autres candidats, qui seraient tous meilleurs que moi... Et surtout, ils parlent tous suédois couramment, normal, c'est leur langue maternelle. Bon, je croise les doigts quand même, on m'a dit que je parlais bien suédois (pour une étrangère ayant étudié 1 an et qui vit en Suède depuis 5 mois).

Je reste donc en Scandinavie pour ce Noël, mais j'espère pouvoir rendre visite à ma famille au printemps, si la neige fond avant juin. (Ne rigolez pas, la neige en juin, c'est arrivé ici.)
Ne soyez pas tristes de ne pas me voir, je pense à vous très fort!

Groar!

vendredi 13 décembre 2013

Sainte Lucie

Avant que vous ne m'accusiez d'égocentrisme justifié par le fait que mon nom est sur le calendrier aujourd'hui, je vous informe que la Sainte Lucie est bel et bien fêtée en Suède. Ha! Une fête rien que pour moi... ça par contre, c'était de l'égocentrisme.
Bref, je vous vois d'ici avec de grands yeux : "Ah bon? Mais qu'est-ce qu'on fête, au juste?" Ah oui, parce qu'il me faut préciser, le prénom Lucie (ou même Lucia) est quasi-inexistant en Suède. Apparemment, c'est comme appeler son enfant Jésus. Bon. Différence culturelle, et non je ne marche pas sur l'eau.
La Sainte Lucie, c'est une fête de la lumière (non, sans blague?). Lucia apporte la lumière dans les maisons quand l'hiver et l'obscurité s'installent. Il y a des chorales de Sainte Lucie dans les écoles, on fait une petite procession, on chante, et puis on va manger des brioches au safran (lussekatter, ou lussebullar). On trouve sans doute des processions plus grandes et des chorales plus grandes, mais Haparanda étant une petite ville, on a des petites processions.
Pour ma part, je suis allée écouter la chorale de l'école de Kai (soit c'était ouvert à tous, soit je suis entrée en ninja, au choix). C'était assez tôt le matin, donc nous nous sommes extirpés de sous la couette levés à 7h pour foncer à l'école, en vélo. Heureusement, le chasse-neige était passé (pour une fois). C'était quand même assez glissant.

Devant l'école, un peu avant 8h du matin. Il fait encore nuit.

 8h30, la procession commence, mais plutôt que de vous la décrire, je vais vous la montrer. 



Vous voyez cette chanteuse tout à gauche, dans la rangée du bas? C'est une amie de Kai, et il m'a dit qu'elle est très douée pour le chant. J'attendais qu'elle chante en solo pour me faire mon opinion et... bingo!


La voilà en solo devant le seul micro qui marchait, apparemment. Et je dois admettre, elle a une voix fantastique. J'avais des frissons en l'écoutant chanter!
Les autres filles de la chorale étaient très bien aussi, mais les autres qui ont fait un solo (y compris la Lucia avec sa couronne) étaient très nerveuses, ce qui était un peu dommage. Mais c'était tout de même une ambiance chaleureuse, de belles chansons bien chantées (la plupart en suédois, traditionelles de Sainte Lucie, mais aussi deux en anglais).
À la dernière chanson, les filles sont descendues de scène et sont sorties de la salle (toujours en chantant). Tout ça m'a rappelé la petite fête de Sainte Lucie du département scandinave de l'Unistra, fête pour laquelle j'étais la Sainte Lucie. Le moment où Annika a tenté de faire tenir la couronne sur ma tête est un souvenir légèrement douloureux ; c'est plus lourd que ça en a l'air, vous savez. Mais notre fête du département scandinave reste un souvenir émouvant. J'espère qu'ils ont gardé la tradition!

Mais plutôt que de vous embêter avec mes souvenirs de la fac, je vais vous raconter la suite. Kai et moi sommes allés voir Siv, l'infirmière scolaire (qui se trouve être aussi une amie de Kai, ne vous inquiétez pas pour nous). Elle est très gentille, et nous a payé un chocolat chaud avant d'aller voir si c'était possible d'avoir des brioches de la Sainte Lucie quelque part. C'était le cas en effet et elle est revenue un peu plus tard avec un sachet de brioches, qu'elle nous a aussi donné. Merci beaucoup!
Nous avons discuté (en suédois) et mangé quelques brioches avec notre chocolat chaud. 

Dans le bureau de Siv. Ou sur le bureau, si vous voulez.


Cependant, après cet épisode sucré, le dur retour à la réalité. Il fallait bien partir à un moment. Il fallait surtout que j'aille squatter au Pôle Emploi suédois pour qu'ils m'impriment une lettre de motivation ; je cherche un second temps partiel et j'ai trouvé un petit emploi pour lequel j'ai postulé aujourd'hui. Les doigts croisés!! 
Mais notre retour à la réalité extérieure scandinave, le voilà : un gros mur de neige.


Il y avait des murs de neige encore plus hauts que celui-là, mais même un de taille moyenne suffit à cacher la moitié de la fenêtre. Ah, et toute cette neige est tombée en une nuit. Bienvenue en Scandinavie. 
Je suis donc allée à Arbetsförmedlingen pour confirmer mon changement de zone de livraison pour mon boulot (j'ai donc abandonné ma zone à Marielund, mieux payée car plus grande mais trop loin, le boulot me prenait la journée et la paie ne valait pas le coup). Je travaille maintenant dans une zone plus petite et juste derrière Station, c'est bien plus facile. La paie ne vaut toujours pas le coup, cela dit. Je veux ma prime de risque! Essayez donc de rouler à vélo quand il y a du verglas sous le verglas, qu'il fait -20°C, qu'il y a des bourrasques de vent du Nord et qu'il neige à gros flocons... 
Enfin bref, je suis allée chasser le boulot après avoir imprimé ma lettre, mais impossible de trouver l'adresse, j'ai donc postulé par e-mail. Je suppose que le bâtiment est en rénovation, apparemment c'est un commerce qui s'installe à peine. J'espère qu'ils voudront bien de moi et de mon manque total de capacités linguistiques en finnois. (Prions, comme la Sainte Lucie.)
Je suis donc revenue un peu gelée mais vivante, vers midi, midi et demie.

I'm a poor, lonesome cowboy... 

D'ailleurs, ça m'a fait très bizarre d'être dehors dans la lumière vive du jour (et du soleil sur la neige). On s'habitue à l'obscurité, la lumière aujourd'hui faisait presque mal aux yeux. Mais c'était agréable. 
En rentrant, j'ai croisé quelqu'un en traîneau. 
Vous savez, c'est courant ici.
En traîneau.
 Photo de stalker. 

Une  fois rentrée, je me suis souvenue du besoin urgent de faire une lessive. Ici, comme c'est un bâtiment commun, il faut réserver la buanderie pour pouvoir laver son linge, donc écrire son nom et une date sur le carnet accroché au mur. Pourquoi je vous raconte tout ça? Parce que j'ai profité de la date et de la similarité de mon nom avec Lucia pour m'amuser.


Il y en a un ou deux qui vont rigoler, Kai et moi les premiers.
Bon, je vais vous laisser. En bonus, je vous mets un lien pour la chanson traditionelle de Sainte Lucie.

...

Vous pensiez m'échapper sans avoir droit à une anecdote? Raté!


Dans l'infirmerie de l'école. Je suis partout, je vous dis!

Groar!

vendredi 6 décembre 2013

Fête nationale finlandaise

Nous sommes aujourd'hui le 6 décembre, jour de la fête nationale finlandaise en mémoire du 6 décembre 1917 où la Finlande a obtenu son indépendance après la guerre contre la Russie. C'est un jour très célébré, et on voit paraît-il beaucoup de gens un peu gris (voire complètement saoûls) dans les rues. Je ne peux pas confirmer, je ne suis pas sortie aujourd'hui. J'ai passé la journée à la maison avec Kai, à regarder la télé finlandaise (je n'y comprends rien mais il traduit parfois pour moi).
C'est fou ce que les Finlandais sont patriotes. La télé diffuse ce soir leur grande fête, qui a normalement lieu à Helsinki chez le président, mais qui cette année se déroule à Tampere, dans le bâtiment qui a aussi hébergé Tracon... J'ai donc visité l'endroit qui est rempli de gens super-célèbres et importants ce soir. Waouh.
Ce qu'on voit donc à la télé, c'est une très grande réception (en gros, le président et la première dame passent 2h à serrer des mains très importantes) puis un concert (qui n'est que le 2è concert donné pour la fête nationale dans l'histoire de la Finlande! D'habitude, c'est un grand bal.), et ensuite ils font la fête. Les gens invités sont les vétérans de guerre, qui se sont battus pour le pays, mais aussi les personnalités majeures de Finlande (ministres et autres politiques, chefs d'entreprises, artistes célèbres), ainsi que des invités étrangers.
Mais le concert. Ah, ce concert... C'était magnifique. Même sans y comprendre un mot, c'était superbe. Et j'ai pu entendre Kai chanter l'hymne national! Que d'émotions...

Il me faut illustrer tout cela! Attention, la quantité de bleu et blanc dans les photos qui vont suivre est élevée.


Nous avons acheté des bougies, parce que c'est la tradition de brûler une ou des bougies bleu et blanc. Kai en cherchait une grande, mais ils n'en avaient plus que des petites... Et des chocolats super-finnois! (Suomi est le nom de la Finlande en finnois, pour ceux qui ne savaient pas.)


Désolée de la qualité moindre, mais l'appareil photo nous a trollés. Comme d'habitude. Les chocolats sont chers, mais valent le coup. Ne faites pas attention au bazar...
Petite anecdote amusante, quand nous avons foncé en Finlande (à vélo dans la neige) pour acheter des trucs en vitesse (nous sommes sortis du magasin 5mn avant sa fermeture, le décalage horaire n'aide en rien quand on est pressé!) et le pain typiquement finnois ("le pain le plus populaire de Finlande"!) était disponible en édition spéciale.


Il mettent le drapeau même sur le pain...
Le drapeau finnois est partout, c'est incroyable! Ce patriotisme est si fort que c'en est beau... Quand l'hymne national ("Maamme", "Notre pays") a été joué, tout le monde a chanté (sauf peut-être les invités étrangers). Et pour la fête suivant le concert, des artistes finlandais comme Juha Tapio jouent et chantent, et toute la salle est debout à taper dans les mains. Et c'est de la très bonne musique! Les adeptes de la musique finlandaise me comprendront...
C'est donc un programme fête nationale à la télé jusqu'au milieu de la nuit, avec un film sur la guerre de Finlande après la fête à Tampere. Je vais casser les pieds à Kai pour qu'il traduise.

Groar!

mercredi 27 novembre 2013

S'équiper pour l'hiver

Je vais donner des nouvelles toutes fraîches pour une fois (Je sais que c'est rare, mais le premier qui râle, je lui rugis dessus. Je suis un lion occupé, moi.) puisque cette aventure date d'aujourd'hui. J'ai pris mon petit vélo ce matin pour aller en Finlande, et malgré la mince couche de verglas je suis arrivée sans encombre. (Par contre, j'ai glissé deux fois au retour, mais sans bobos. Je commence à m'habituer.)
Premier arrêt : Nordea (la banque finlandaise) pour leur demander "Mais qu'est-ce qui se passe, ça fait deux semaines que j'attends ma carte...". Il se trouve qu'ils avaient la lettre contenant ma carte, quelqu'un avait seulement oublié de l'envoyer. Bon. Ce n'est pas grave, la madame de la banque était très gentille avec moi, et puis elle parle bien anglais. Elle me reconnaît quand j'arrive, elle parle anglais et non finnois. Youpi!
Donc j'ai ma carte Nordea (enfin) mais je ne peux pas encore consulter mon compte sur Internet, il faut que j'attende trois mois à partir de l'ouverture du compte pour ça. Je ne sais pas pourquoi, mais il doit me rester un mois et demi, ça passera vite.

Deuxième arrêt, et ça tombe bien c'est juste à côté : Intersport. Ils doivent commencer à me connaître ici aussi... Bref, ce dont j'avais besoin cette fois (et croyez-moi il s'agissait d'un besoin vital) c'était d'un manteau d'hiver adapté au climat quasi-polaire. Bien sûr, ma maman m'avait envoyé mon manteau d'hiver, mais de un, il n'est pas imperméable, de deux il est long et c'est un peu embêtant quand on fait du vélo, et de trois, le même vêtement s'appelle un manteau d'hiver en France, et une veste d'automne ici. Je vous laisse imaginer. J'ai essayé de bosser avec mon manteau d'hiver français, mais la nuit était tombée, il faisait quelques dix degrés en-dessous de zéro, et je me suis transformée en glaçon si vite que je n'ai pas pu finir mon travail. J'ai fini le lendemain. Je sais que c'est mal, mais impossible de continuer quand on gèle sur place.

Tiens, à ce propos, vous savez que le soleil se couche entre 13h et 13h30. C'est exotique certes, mais la température chute à la tombée de la nuit (pourtant, aucune des deux ne se fait mal en tombant. Si seulement je pouvais faire pareil...) et c'est vraiment difficile de rester dehors plusieurs heures d'affilée. La nuit et le froid sont assez déprimants, si je bosse seule après 15h, non seulement je gèle mais en plus je me sens mal. Du coup, j'essaie de travailler pendant les heures de soleil, ou je demande à Kai de venir avec moi. Les choses devraient s'améliorer à partir d'aujourd'hui cela dit, puisque j'ai trouvé un manteau adapté, bien chaud. Je me suis aussi acheté des moufles (j'en avais déjà, mais de qualité très moyenne) et un bonnet en fourrure, tout doux tout chaud.
Je ne vous laisse pas partir sans une photo!!


Fin prête à affronter le froid! (vous pouvez voir par la fenêtre derrière qu'il fait nuit, mais la photo a été prise avant 17h) Détail de mon équipement :

- bonnet en fourrure. Le mien est rose et violet. On ne rigole pas.
- écharpe tricotée par grand-mère. Fabrication française mais la laine, ça résiste au froid scandinave.
- veste de ski. J'ai deux pulls en-dessous, un en coton, un en laine. Pas donnée mais je n'ai pas pris la plus chère non plus. Comprend des manches dans les manches avec un trou pour passer le pouce. C'est super-efficace.
- moufles. Elles sont toutes douces à l'intérieur! S'il fait très froid, je les mets par-dessus les gants que maman m'a envoyés. J'ai donc des moufles par-dessus mes gants...
- sur-pantalon de ski. Piqué à Kai. Trop long pour moi. J'ai aussi un sous-pantalon en thermolactyl, ce qui me donne un pantalon par-dessus mon pantalon par-dessus mon pantalon. J'ai dit, on ne rigole pas!
- nouvelles chaussures anti-glisse. (C'était la raison du troisième arrêt.) On peut ajouter des crampons amovibles.

J'avais aussi des chaussures d'hiver, mais pas plus imperméables que ma veste d'automne... Il m'est arrivé, un jour de boulot pluvieux, de me retrouver avec les pieds trempés jusqu'à l'os. Je ne suis pas tombée malade, mais je ne refais pas ça. Brrrrrr...
C'est drôle, parce que j'ai presque les mêmes chaussures que Kai. Sauf que les miennes sont taille 36, les siennes taille 40. Je suis un lion à petites pattes, que voulez-vous...


Une des petites pattes en question. C'est dommage, je n'ai pas d'échelle. J'aurais du mettre une des chaussures de Kai à côté...
Me voilà donc parée pour le boulot de demain! Je n'ai pas beaucoup plus envie d'y aller, mais il faut bien mettre du caviar sur les tartines. Ne me regardez pas comme ça, c'est bon!

Groar!

mardi 26 novembre 2013

Spécial grand-mère

Mercredi dernier, je me lève à 7h bien que je ne bosse pas. La raison? Aller attendre le camion FedEx qui doit m'apporter un colis de France chez moi. Il n'y a pas de sonnette ici, et je ne peux pas voir la route depuis la fenêtre alors je suis descendue (avec un pull, quand même) pour attendre le camion.
Et j'attends.
Et j'attends.
Et deux heures plus tard, toujours pas de camion. J'avais eu du mal à me lever moi! Je vais voir au rez-de-chaussée trouver quelqu'un qui travaille ici, je trouve quelqu'un, à qui je demande s'il y a un colis pour moi. Après un peu de suédois maladroit, on me dit que oui, il y en a un, le livreur de FedEx l'a laissé juste là. Je vais voir "juste là" et je trouve un gros colis que je ramasse. Je traverse le couloir, monte les trois marches, attaque l'escalier, me casse la figure au milieu parce que le colis est énorme et trop lourd pour moi... Mais pas de bobo, un lion se relève toujours!
Après maintes aventures, je porte enfin le colis dans l'appartement, je l'ouvre et j'y trouve plein de trésors envoyés par ma maman, et puis quelque chose que je n'avais pas vu venir, envoyé par ma grand-mère : un pichala. Un gant de cuisine, quoi! Excusez mes origines, j'ai toujours appelé ça comme ça...
Je dédicace donc ce petit post à ma grand-mère Christiane, pour l'envoi inattendu du pichala. Pichala qui a sauvé notre gratin de patates quand il a fallu le sortir du four, parce qu'il n'y a qu'un seul pichala dans la cuisine commune (plus moche que le mien, ha!). Le deuxième a disparu dans le vide intersidéral. Et pour l'anecdote, le pichala s'est fait un ami ici : la bouilloire. Ne sont-ils pas mignons?


Petit détail additionnel : la photo a été prise à midi et demie. C'est pour ça qu'on a une lumière crépusculaire, le soleil se couche vers une heure, maximum une heure et demie. Après, c'est la nuit jusqu'à huit heures le lendemain.
Encore un grand merci pour le méga-colis, et pour le gant qui va se révéler très utile!

Groar!